Naissance de l’Awen

Alphabet bardique
Alphabet bardique

Traduction issue des Barddas de Iolo Morganwg (anglais edition de John Williams Ab Ithel)

L’invention des lettres par Einigan et Menw – Le secret du bardisme

Einigan le Géant contemplait les trois colonnes de lumière ayant en elles toutes les sciences démontrables qui ont toujours existé, et qui existeront à jamais. Puis, il prit trois découpes de bois (tiges) issues du sorbier et grava sur elles les formes et les signes de toutes les sciences, afin d’en conserver la mémoire ; il les montra. Mais ceux qui les virent les comprirent mal, ne parvinrent pas à les appréhender dans leur vérité et enseignèrent des sciences illusoires, considérant les découpes de bois comme un Dieu alors qu’elles ne portaient que Son nom.

Lorsqu’Einigan vit cela, il en fut grandement ennuyé, et dans l’intensité de son chagrin, il brisa les trois tiges de bois. On ne put en trouver aucune autre contenant des sciences justes. Il en ressentit une telle détresse qu’il explosa en mille morceaux et dans son souffle, se séparant de son corps, il pria Dieu de permettre aux sciences justes d’exister parmi les hommes de chair avec un discernement juste et une compréhension correcte de celles-ci. Et au bout d’un an et un jour, après le décès d’Einigan, Menw, fils des Trois Cris, contempla trois tiges de bois qui sortirent de la bouche d’Einigan. Elles exposaient la science des Dix Lettres et la manière selon laquelle toutes les sciences du langage et de la parole étaient ordonnées en elles avec toutes les sciences perceptibles dans le langage et la parole.

Alors, il prit les tiges et grâce à elles, enseigna les sciences. Toutes, sauf le Nom de Dieu, dont il fit un secret, de peur que le Nom ne soit faussement appréhendé. Et ainsi, naquit le Secret du Bardisme et des Bardes de l’île de Bretagne. Dieu transmis Sa protection à ce secret et il donna à Menw une compréhension très secrète des sciences sous Sa protection. Cette compréhension est appelée l’Awen de Dieu. Que celui qui l’obtient soit béni à jamais. Amen, ainsi soit-il.

De la bouche d’Adam, tel des arbres bénis, trois croix…

Des tiges bien développées furent obtenues, elles étaient des arbres de la bouche d’Adam.

Awen des bardes et des druides
Awen des bardes et des druides

Les découpes – Foundation de l’Awen

/I\, ce fut des trois signes qu’Einigan le Géant obtint une compréhension si bonne des lettres qu’il avait gravées sur des bâtons. Il en conçu la méthode et réalisa 12 lettres principales, si les livres des sages disent vrais, que l’on appelle les 10 radicaux. Quant à ce qu’elles sont et la forme qu’elle ont, il s’agit d’un secret des mystères des Bardes de la nation des Cymry, nommés les Gwyddoniaid, que l’on appelle les Bardes primitifs. Il existe trois radicaux primitifs, qui sont trois découpes. Ils sont appelés « découpes » parce qu’ils ont été découpés dans les ténèbres des trois rayons. Et c’est pour cette même raison que l’on parle de l’aube qui pointe (comme découpée du ciel), de découper un champ, de découper en général. (ND : en gallois et en anglais, les mots ont un lien qu’il est difficile de traduire en français).

Le troisième éclatement fut la voix entonnant un chant de triomphe : la première voix fut une voix de triomphe.

Les trois fondements de l’Awen venant de Dieu : comprendre la vérité, aimer la vérité et maintenir la vérité afin que rien ne puissent prévaloir contre elle. A partir de ces trois choses, que l’on réponde correctement à la question : pourquoi voudrais-tu être Barde ? Et selon le niveau de justesse contenu dans la réponse à cette question, un certain degré dans la Chaire Bardique sera donné ou refusé. La réponse se trouve entre l’aspirant et sa conscience et entre sa conscience et Dieu, pas entre lui et son professeur.

Fin de la traduction

Discussion

Ce qui semble important à noter ici, comme le sujet peut-être le plus fondamental de notre époque, c’est la constante présence de la vérité comme instrument premier vers l’accueil de l’inspiration venant du monde spirituel, l’Awen. La vie du Barde, de l’Ovate et du Druide commence par une volonté puissante à comprendre la vérité, à l’aimer et à la protéger. C’est une véritable gageure dans l’époque où nous vivons. Et c’est également le véritable enjeu de la vie. Aucun travail spirituel vers le juste ne peut se faire sans cet amour de la vérité.

Ainsi, le rapport de chacun à la vérité nous en dit beaucoup sur son travail spirituel…

Pour moi, le meilleur allié de la vérité demeure le doute, comme un compagnon permanent qui permet de faire évoluer la vérité vers ce qu’elle pourra avoir de plus pur. De nos jours, on entend beaucoup que la vérité est relative, qu’elle dépend de chacun, du point de vue à partir duquel on la regarde. C’est partiellement vrai, je crois. Car, si la vérité peut être complexe, multiple et riche, elle n’en demeure pas moins une dans la multiplicité comme Dieu ou les Dieux. Un seul homme ou une seule femme ne peut que très rarement la détenir, nous avons besoin des 12 points de vue du zodiaque pour embrasser toutes les facettes d’une vérité. Aussi, il est très intéressant de travailler à plusieurs sur une vérité pour nous approcher d’elle.